Controcorrente: intervista con un editore francese di letteratura turca

Uno dei titoli, sempre più numerosi, tradotti e pubblicati da Kontr. Foto usata con permesso.

Sylvain Cavaillès è un traduttore francese con sede a Istanbul, e fondatore di Kontr [fr, come i link seguenti, salvo diversa indicazione], l'unica casa editrice francese che si concentra esclusivamente sulla letteratura turca contemporanea.

La Turchia ha una ricca tradizione letteraria ma, a parte l'eccezione del premio Nobel Orhan Pamuk [it], gli autori turchi non sono abitualmente pubblicati in Francia. Sylvain volle cambiare ciò quando fondò Kontr nel 2017.

Prendendo lo spelling turco della parola francese contre, che significa “contro”, il catalogo della piccola casa editrice conta otto titoli fin ora, la maggior parte dei quali di autori turchi con origini curde – e quasi tutti tradotti in francese da Sylvain stesso.

Quanto segue è la versione ridotta di un'intervista fatta a Sylvain nell'aprile 2019 riguardo questa iniziativa letteraria unica.

Filip Noubel: Come si è ritrovato coinvolto nella letteratura turca moderna? Non è una scelta di carriera piuttosto insolita per un francese senza alcuna origine turca in famiglia?

Sylvain Cavaillès: C’est le résultat d’un processus assez long et complexe. Mon premier vrai contact avec la littérature turque s’est fait en français en 2003. J’ai découvert en librairie Quarante chambres aux trois miroirs de Murathan Mungan, et l’une des nouvelles de ce recueil m’a particulièrement marqué sur le moment, au point que je me rappelle très clairement avoir regretté de ne pas connaître le turc pour pouvoir traduire cet auteur et échanger avec lui. Quelques années plus tard, j’ai commencé à passer beaucoup de temps à Istanbul et à apprendre la langue, et lorsque j’en ai été capable je me suis naturellement mis à lire en version originale. En 2012, j’ai pris la décision de reprendre des études, et j'ai fait un master, puis une thèse de doctorat sur les écrivains kurdes de la littérature turque contemporaine, que j’ai soutenue en 2018. 

Sylvain Cavaillès: È il risultato di un processo lungo e complesso. Il mio primo vero incontro con la letteratura turca avvenne in Francia nel 2003. Scoprii in una libreria la raccolta di racconti brevi di Murathan Mungan, chiamata Üç Aynalı Kırk Oda, oppure Quaranta stanze con tre specchi [en/tr]. Uno dei suoi racconti fece colpo su di me, e ricordo di aver pensato che fosse un peccato che non conoscessi il turco, in modo da poter tradurre questo autore e comunicare direttamente con lui. Alcuni anni più tardi, cominciai a passare del tempo a Istanbul e studiare il turco, e una volta imparato bene, cominciai a leggere in turco. Nel 2012, tornai all'università, ottenni un master e alla fine, nel 2018, riuscii a terminare il mio dottorato di ricerca sugli autori curdi nella letteratura contemporanea turca.  

FN: Qual è la sua linea editoriale? E di quale area della letteratura turca vorrebbe che i lettori francofoni venissero a conoscenza?

SC: Le nom de Kontr représente pour moi, notamment, ce qui est à la marge, à la périphérie, et doit lutter pour exister. Et cela peut s’appliquer à la fois aux groupes humains et aux genres littéraires. Kontr aura toujours cette dimension de « contre-courant ». Les auteurs que Kontr a publiés jusqu’à présent (Murathan Mungan, Murat Özyaşar, Seyyidhan Kömürcü, Cihat Duman et Mehmet Said Aydın) ont tous un lien avec les régions kurdes de Turquie. L’apparition récente de cette nouvelle géographie littéraire au sein de la littérature turcophone m’a semblé être l’un des traits les plus intéressants du paysage littéraire turc actuel, et ce sont ces auteurs que j’ai voulu faire découvrir au public francophone en priorité. Toutefois, deux titres qui paraîtront cette année ne relèvent pas de ce domaine.

SC: Il nome della casa editrice, Kontr, rappresenta ciò che è ai margini, e deve lottare per esistere, che sia in termini di comunità o genere letterario. Kontr sarà sempre un “andare contro”. Gli autori pubblicati – Murathan Mungan, Murat Özyaşar [en], Seyyidhan Kömürcü [en], Cihat Duman e Mehmet Said Aydın [en], sono tutti legati alle regioni curde della Turchia. La recente comparsa di questo nuovo panorama letterario all'interno della letteratura di lingua turca, mi sembra l'aspetto più interessante della letteratura contemporanea turca. Questi, in primo luogo, sono gli scrittori che voglio introdurre al pubblico francofono. Tuttavia, ci sono già due titoli programmati per quest'anno di autori che non hanno legami con le aree curde. 

FN: Il fenomeno Pamuk ha aiutato a promuovere la letteratura turca in traduzione, oppure ha oscurato altri scrittori? 

SC: Le phénomène Pamuk a eu un double effet d’occultation, d’une part, mais aussi une sorte d’appel d’air : le Nobel de Pamuk a sans aucun doute éveillé un intérêt du lectorat français pour la littérature turque.  Mais en 2018, les deux seuls auteurs de Turquie dont on parle sont Aslı Erdoğan et Selahattin Demirtaş, simplement parce qu’on comme « Ces écrivains qui font trembler le dictateur », formule cliché dont le seul but est de faire vendre des livres. Ce n’est pas Orhan Pamuk qui aujourd’hui occulte les auteurs de son pays, mais ce genre de clichés faciles. Concernant la promotion de la littérature turque en tant que telle, Kontr est aujourd’hui la seule maison qui, à son échelle, s’y consacre entièrement.

SC: Il fenomeno Pamuk ha avuto un dobbio effetto: ha oscurato il resto, ma ha determinato una tendenza. L'assegnazione del Premio Nobel per la Letteratura a Pamuk [en] nel 2006 suscitò effettivamente un interesse per la letteratura turca in Francia. Ma nel 2018 la letteratura turca si è limitata a soli due autori, Aslı Erdoğan e Selahattin Demirtaş, semplicemente perché sono categorizzati come “gli scrittori che hanno fatto tremare il dittatore”. Questo è un cliché inteso a promuovere la vendita di libri. Per la verità, non è Pamuk che ha messo in ombra il resto della letteratura turca, ma questi cliché dozzinali. Oggi Kontr è l'unica casa editrice che si concentra esclusivamente sulla letteratura turca in francese.

FN: Quali sono le sfide che incontra nel suo lavoro? Dal momento che traduce letteratura contemporanea, è in contatto diretto con gli autori durante il processo?

SC: Les plus grandes difficultés que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent avaient trait à l’oralité d’une part, mais aussi à la régionalité. Certaines expressions idiomatiques n’ont cours que dans une région bien délimitée du territoire. Dans la plupart des cas, je parviens à résoudre la difficulté par moi-même. Mais s’il le faut, j’en parle avec l’auteur. C’est sans doute pour Rire noir, de Murat Özyaşar, que j’ai le plus échangé avec l’auteur. Murat a un style très particulier, très oral, musical, rythmique, syncopé, et hybride car il est dans une situation de bilinguisme et, comme il le dit et l’écrit lui-même, son turc est contaminé par la syntaxe du kurde. Il m’a donc fallu tenter d’appliquer au français le traitement que lui-même applique au turc. Cela a été à la fois mon plus grand défi en tant que traducteur mais aussi l’expérience la plus enthousiasmante que j’ai vécue.

SC: Gli aspetti più impegnativi sono la lingua parlata e gli idiomi regionali. Alcune espressioni sono limitate ad una particolare regione. Solitamente, riesco a trovare la soluzione da solo. Quando è necessario, ne discuto con l'autore. L'ho fatto spesso con Murat Özyaşar per il suo libro Sarı Kahkaha, tradotto in francese con “Rire noir” [tradotto in “Yellow Laughter” (Risata gialla) in inglese]. Il suo stile è singolare, molto orale, musicale, sincopato, ibrido, dal momento che opera in un ambiente bilingue. Come disse lui stesso, il suo turco è “contaminato dalla sintassi del linguaggio curdo”. Dovetti così applicare al francese lo stesso processo che lui applica al turco. Questa è stata la sfida più grande come traduttore, ma anche l'esperienza più entusiasmante.

FN: Come definisce la sua missione combinando il lavoro di traduttore e di editore indipendente? Vede se stesso come un attivista letterario?

SC: Être à la fois traducteur et éditeur indépendant n’a pas été un choix mais une contrainte imposée par le contexte de l’édition française. Lorsqu’on vous fait patienter pendant des années, lorsque vos traductions, bien qu’elles n’aient été ni payées, ni publiées, apparaissent malgré tout sur des sites internet libraires, vous êtes obligé, si vous voulez que les auteurs que vous défendez soient publiés, de créer votre propre structure d’édition. Le premier livre de Kontr est sorti parce qu’une éditrice française avait laissé son auteur, Mehmet Said Aydın, sans nouvelles après lui avoir promis de faire son livre. Aydın est venu me trouver en me demandant de trouver une solution. Je lui ai promis de faire son livre, sans même croire qu’il y aurait une suite éditoriale à ce geste. Mais une fois ce premier livre publié, j’ai compris que je n’avais pas le choix. Je ne me suis jamais considéré comme un activiste, pourtant j’ai créé une maison d’édition qui s’appelle Kontr et qui s’est construite contre un certain nombre de choses. En premier lieu contre contre certains comportements qui ont cours dans l’édition, et contre les diktats qui tentent de nous faire croire que les lecteurs francophones n’aiment pas certains genres, tels la nouvelle ou la poésie. Je ne crois pas que ma posture se définisse fondamentalement par rapport à ce qui se passe dans la sphère politique. Mon but est de transmettre la littérature que j’aime et qui me semble être la littérature qui compte, aujourd’hui en Turquie. Même si je crois fermement en certaines causes, la cause ne justifiera jamais mes choix éditoriaux. Une maison d’édition est avant tout une maison, où l’on invite ceux que l’on aime. Pas une machine à fabriquer des produits, des étiquettes, ou à faire de l’argent.

SC: Non divenni traduttore e editore indipendente per scelta, ma a causa della situazione dell'industria editoriale francese: avevo avuto esperienze per anni di attese infinite, traduzioni non pagate e non pubblicate, che tuttavia compaiono tra i titoli disponibili nei siti internet. Alla fine non ebbi altra scelta che stabilire la mia struttura per poter pubblicare scrittori che promuovo e traduco. Il primo libro pubblicato da Kontr è il risultato di un'editrice francese che non ha rispettato la sua promessa di pubblicare l'autore Mehmet Said Aydın. Venne da me chiedendo di aiutarlo, e così feci, pensando che si sarebbe trattato di un'operazione per quell'unica volta e basta. Una volta pubblicato, realizzai che non avevo altra scelta se non continuare. Non mi sono mai considerato un attivista, nonostante la mia casa editrice si chiami Kontr (Contro) ed è effettivamente concepita come un “andare contro” certe cose. Contro il comportamento di certe case editrici, contro le imposizioni che vogliono convincerci che i lettori li lingua francese non sono interessati a certi generi, come i racconti brevi o la poesia. Ma la mia opinione non è essenzialmente definita dalla politica, il mio scopo è di trasmettere la letteratura che piace a me, e che oggi ha importanza in Turchia, a mio avviso. Una casa editrice è una casa dove una persona invita chi gli piace, non è una fabbrica finalizzata a produrre beni, marche o fare soldi.

Sylvain Cavaillès, fondatore di Kontr. Foto usata con permesso.

FN: La Turchia è ora in una fase di transizione politica e culturale difficile. Un numero di autori e traduttori letterari sono al momento in prigione, o vivono in esilio. Che impatto ha questo sul suo lavoro e sulla sua visione del futuro di Kontr?

SC: La situation à laquelle vous faites référence fait comme partie de la définition de la Turquie, qui est constamment en phase de transition politique et culturelle. Aujourd’hui l’attention de l’Occident se focalise sur la figure de l’actuel président et, avec l’aide de la médiatisation de quelques figures emprisonnées, on imagine un pays où la création littéraire serait bâillonnée. Or, les écrivains en prison auxquels vous faites allusion sont avant tout des opposants politiques. Aujourd’hui, en Turquie, personne n’est en prison ou en exil à cause de son œuvre littéraire, ceux qui sont inquiétés le sont à cause de leur engagement politique. Il y a certes un climat de peur, et sans doute un peu d’autocensure chez certains auteurs et éditeurs. Mais cela n’empêche pas le second livre de Selahattin Demirtaş de paraître ces jours-ci chez l’un des éditeurs turcs les plus importants. Globalement, le monde politique ne se soucie pas de littérature. Pour finir, cette instabilité dont vous parlez, loin d’être une menace, est sans doute ce qui justifie l’existence de Kontr, car les auteurs que nous publions et continuerons à publier, sont des écrivains qui ont un certain positionnement au sein de la société turque et qui construisent une œuvre littéraire d’importance.

SC: La situazione a cui si riferisce è parte di ciò che definisce la Turchia, un paese che subisce costantemente un processo di transizione politica e culturale. Oggi l'Occidente è focalizzato sulla figura del Presidente attuale, e i media dipingono il quadro di uno stato in cui gli autori non hanno il permesso di parlare. Ma gli autori che sono in prigione oggi sono oppositori politici. Al giorno d'oggi, se qualcuno si trova in prigione, non è a causa della loro produzione letteraria, ma del loro impegno politico. C'è sicuramente un clima di paura e probabilmente un certo livello di auto censura tra alcuni scrittori ed editori. Eppure, il secondo libro di Selahattin Demirtaş [en] sarà presto pubblicato da una delle più grandi case editrice della Turchia. In generale, la sfera politica presta poca attenzione alla letterature. Per concludere, l'instabilità menzionata qui non è una minaccia ma piuttosto un'opportunità che giustifica l'esistenza di Kontr, poiché gli scrittori che pubblichiamo e che continueremo a pubblicare, sono autori che hanno certa posizione in seno alla società turca e che creano opere letterarie di una certa importanza.

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